mardi, septembre 12, 2006

L'abrogation du 29 juin

Ia ora na,

J'ai dernierement rédigé un discours qui devait servir a presenter une proposition de loi de pays pour l'abrogation du jour férié du 29 juin, fete de l'autonomie, et pour proposer un nouveau jour férié, celui du 20 novembre, afin de celebrer l'evenement de matarii.
Afin que le debat s'ouvre sur cette proposition , je propose de presenter mon discours , diviser en 2 parties, afin que vous, en tant que internautes, vous puissiez mettre vos commentaires, et vos critiques, mon premier texte est donc relative a l'abrogation du 29 juin

Ia ora na,

Nous enfant réceptacle de l’héritage de nos ancêtres, enfants du colonialisme, …..Enfants de la bombe…..nous proposons d’abroger le jour férié du 29 juin, la fête de l’autonomie, jour ou Gaston Flosse s’est approprié « l’autonomie », pour en faire la fête de l’autonomie…..


A l’origine, l’autonomie a été conçue par ses pères fondateurs, Pouvanaa a oopa, Francis Sanford, John Teariki, a conduire notre peuple à sa destiné, a sa liberté. Les pouvoirs attribués à notre gouvernement local devaient entrainer plus de responsabilité, une maturité politique, qui nous permettrait un jour, grâce a une participation active de la population au développement économique, à acquérir suffisamment d’indépendance pour ne plus être dépendant économiquement de la France, et ainsi nous aurions grâce a un effort partagé retrouvé notre dignité de peuple libre capable de se gérer en paix.
Malheureusement l’autonomie a été détournée de son objectif, par des personnes qui étaient plus soucieuse de leur privilège que de l’intérêt général. En effet Ils ne voulaient pas contribuer au travers de l’impôt sur le revenu plus juste et plus équitable, au développement de notre pays. Ils préfèrent l’idée de se faire entretenir par la France.
Ainsi en s’accaparant de l’autonomie, ces nantis ont empêché l’instauration de l’impôt sur les revenus ils ont protégé leurs revenus et leurs grosses fortunes, en faisant payer a la France et aux petits au travers la Tva, leur train de vie. C’était astucieux, mais malhonnête politiquement parlant.
Ceux qui étaient contre la destinée de l’autonomie, qui demande un engagement et un travail sans relâche ont préféré la facilité, se refugiant derrière la charité, ils ont justifié leur engagement dans l’autonomie, non pour conduire notre peuple à se responsabiliser, mais pour prendre l’argent de la France pour saupoudrer sur les pauvres…. Cette pratique à créer l’assistanat, et malheureusement l’argent distribué sans contrepartie, mis a part un bulletin de vote de la bonne couleur, cette pratique, n’a fait que augmenter les pauvres qui comme des animaux domestiques attendent que le maitre les nourrissent….l’esprit d’initiative lentement se meurt…. Au final après plus de 20 ans d’autonomie à la Flosse on constate que l’autonomie à créer une véritable fracture sociale, les riches sont devenus plus riches, et les pauvres plus nombreux et plus malheureux. L’argent qui était destiné aux petits est resté dans la poche des dirigeants, « pourquoi distribuer quand on peut garder pour soi ? Qui contrôlera ? La France ? Mais la France ne veut pas perdre ses biens, ses iles exotiques paradisiaques….. »
Petit à petit notre peuple devra se glisser dans un moule devenant fideles serviteurs, notre fierté, notre dignité se remplacera en mendicité.
Nos hommes autrefois destinés a la pèche a l agriculture, la navigation, la construction des temples , les guérisseurs, les guerriers, les gardiens du savoir, dans une société ou chacun avait sa place, Nos hommes aujourd’hui sont de plus en plus nombreux a être exclus, humiliés et brisés par le système scolaire colonial, voleur d’identité de mémoire, ils sont devenus alcooliques sans mémoire, irresponsables, profanant le sacré, femmes déchirées, enfants objets, notre peuple erre sans étoile, illuminé par une société de consommation , notre peuple se déhanche comme les travestis à la recherche de jouissance temporaire trop éphémère et extrêmement destructrice……Ainsi même si le carnaval, et le strass des fêtes de l’autonomie a pu éblouir les petits et leur faire oublier leurs misères le temps d’un jour ;
.......
Le choix de la date révèle les véritables intentions de Gaston Flosse….
Car le 29 juin restera graver dans le cœur des Tahitiens comme un cercueil noir.
Nous sommes encore nombreux à porter la mémoire vivace de l’annexion de Tahiti, de ses terres, car, cette première annexion, sera suivi les années suivantes de différentes annexions importantes des iles composants aujourd’hui la Polynésie française, cette date marque la volonté de la France de s’approprier nos iles, et marquera la chute de l’identité de tout un peuple.
Le 29 juin , c’est un Roi, couronné par les français armé avec des fusils et enivré avec de l’alcool qui a tué ses frères, son peuple libre pour les soumettre a la domination française pour obtenir en échange encore de l’alcool, véritable ivrogne, esclave de sa consommation il a même fait installer sur sa tombe une bouteille d’alcool, afin que chacun de nous sache a quelle prix a été sacrifié notre liberté .
Le 29 juin nous peuple tahitien, nous avons perdu notre liberté, ce jour la, le drapeau français a été hissé, et nos enfants sont devenus Français,
D’abord, des Français sans droit de vote, c’est seulement en 1945, après avoir libéré la France de l’occupation allemande que notre peuple , avec les femmes françaises, obtiendront le droit de vote….Ainsi, nos terres furent vendus dans une langue que nous ne maitrisions pas, nos filles se donnaient enivrées d’alcool, proies faciles, les mariages mixtes n’avaient comme seul but l’appropriation du foncier, nous avons perdu le droit d’éduquer nos propres enfants, le droit de dire la justice, le droit de garantir la sécurité de nos frères et sœurs, nous sommes devenus des incapables a l’image de notre roi alcoolique….
La France a couronné leur roi, celui qui avait procédé minutieusement à exterminer les héritiers du maro Ura, Maro Tea, véritables héritiers légitime de la royauté maohi. Ainsi il est écrit dans le livre relatif aux généalogies royales de Mai Arii que les mercenaires Pomaré ont fait exterminer les enfants et la veuve du prince Temarii Ariipaea, dernier roi légitime du Maro tea, il était aussi un grand tahua apprécié de son peuple. Décédé à la suite d’une explosion de grenade, l’extermination sans pitié de ses enfants, jeunes princes, marque l’extinction de la branche du roi Amo Tevahitua i Patea.
Descendants directs du Grand Roi Teva.
Teva celui même qui établit l’une des plus grands royaumes, renforcé par ses enfants na Teva e vau, ils établirent les royaumes de Teva i tai, Teva i Uta,
Le royaume des imbattables. Il est important de se rappeler que c’est sur le marae de Mataoa, dont la pierre de fondation vient du marae Farepua
Le marae Mataoa qui a été dernièrement détruite et qui se situait dans la commune de Papara, non loin du lieu ou s’est déroulé la cérémonie de Matarii Raro, le 18 mai dernier. C’est sur le marae Mataoa que Teva fut consacré Arii nui, prince régnant, celui qui porte la ceinture royale, blanche, le Marotea de Vaiarii.
Teva n’était pas seulement un grand guerrier, il était un grand roi protégé des dieux. Il est le descendant direct du roi Tetunae nui, celui qui fut connu pour avoir établit des lois régissantes le savoir vivre de notre peuple cité dans les mémoires de Marau…. Celui qui donna le nom de Tahiti a notre ile
La mère de Teva, est Hotutu, fille de Terii nui i Tahiti, consacré sur le marae de Farepua de Papearii, marae, sacré, dont un seul blanc, Cook , a pu voir.
Le père de Teva est un prince de havai, Raiatea, doté de grandes pouvoirs, il s’agit de Ruahatu, mi homme mi requin, il est aussi un dieu roi de l’océan, il a contribué a la reconstruction de Huahine.
C’est aux abords de la baie phaéton, autrefois appelé Te aua a que Teva fut conçu.
Et Jusqu'à aujourd’hui la baie phaéton abrite les requins de notre mythologie.
Les histoires et les légendes relative à Teva et sa descendance répandirent sur Tahiti une gloire dont les derniers rayons éblouissent encore la mémoire des anciens jusqu'à aujourd’hui.
Les insignes naturels des enfants de Teva se manifeste au travers une pluie fine et un fort vent de sud est Mara amu, Ainsi que ce soit lors des festivités du heiva, des danses, des chants des courses de pirogue, la nature se manifeste pour annoncer l’arrivée des enfants de Teva…..
L’histoire de notre peuple est rempli de magie et de beauté, que ce soit les histoires de nos rois, des guerriers, de nos femmes, il nous appartient de s’y intéresser…..
Revenons toutefois a l’extermination des enfants du roi Temarii, par les mercenaires Pomaré, marquant la disparition des vrais héritiers légitime de la royauté de Tahiti.
C’est le début de la fin, le reste, les mercenaires Pomaré enivrés et armés procéderont a d’importants carnages de notre peuple, nos ancêtres vont collaborer avec les français dans ces massacres, un peuple qui s’entretue, d’un coté ceux qui veulent garder leur liberté, leur dignité, leur identité, d’autre part ceux assoiffé par des convoitises matérielles.
Les occidentaux réussiront à mettre notre peuple à genoux, les collabos seront rémunérés par des grandes terres, des chefferies, des titres, des légions d’honneur, de l’alcool, des rentes, monnaie d’échange pour avoir saigné notre peuple,
On ne peut effacer de la mémoire les guerres les plus féroces, Fachoda, et Fei pi, qui permit à Pomaré II de devenir le maitre incontesté du pays. Notre peuple perdra des centaines de milliers de vie à travers ces massacres, aucun monument ne permet d’identifier ces lieux ou des milliers de corps de nos ancêtres combattant de la liberté, ont été ensevelie dans des fosses communes…. Seuls les blancs ont des monuments aux morts rappelant ces guerres
Pour ceux qui s’intéressent à leur histoire La date du 29 JUIN symbolise la chute du peuple Tahitien, un peuple libre et digne, riche en spiritualité, généreux sur le plan humain. Nous portons la douleur de savoir que : L’identité de notre peuple a été donnée en monnaie d’échange pour de l’alcool, une rente et des titres……….
C’est un acte colonial cruel pour un peuple qui n’a pas eu la liberté de choisir sa destinée, qui a été contraint par les armes de devenir une pale imitation de l’homme blanc, sans mémoire, sans histoire…..

Le 29 Juin c’est un traité qui n’a jamais été respecté, ou un roi peu légitime a signée avec la France. Offrant Tahiti à la nation Française, il demandera que, les affaires de terres restent dans les mains des tribunaux indigènes, que les conseils de districts et les lois et coutumes tahitiennes soient maintenus. La famille royale voudra conserver son titre de roi et tous les honneurs rattachés à ce titre, entre autre, le droit de grâce.
Aujourd’hui on constate que ce traité est un traité unilatéral dans son application, Tahiti et ses iles sont devenue française, complètement sans exception, nous avons perdu, tout perdu…….Ainsi on comprend que Gaston ait choisit le 29 juin, faisant le rapprochement du statut d’autonomie avec la date d’annexion, car a travers le statut d’autonomie, on retrouve exprimé Une énième acte de vente, comme une répétition de l’histoire. La France voit ses droits de propriétés renforcés juridiquement, notre peuple devient une banale population française il a encore perdu.
Tout comme Pomaré Gaston flosse, prétexte les spécificités de notre population pour obtenir des privilèges en tant que président, Un scrutin a prime majoritaire qui aurait du lui garantir le règne perpétuelle, des immunités, et j’en passe.
Ainsi, même a travers son visage autonomiste le traité d’annexion n’a servi que les intérêts des parties en présence, et les difficultés et souffrances que rencontre notre peuple n’ont été qu’un prétexte…. Ils n’ont rien gagné
Le 29 juin est une date qui divise notre peuple, ceux qui sont rattachés à l’argent facile de la France sans contrepartie…. Et ceux qui ont la mémoire douloureuse de l’annexion du 29 juin 1880
Cette date exclut de la fête tous ceux qui respectent la mémoire des guerriers, de nos ancêtres morts, pour défendre la liberté, la dignité du peuple de Tahiti, l’identité de nos ancêtres….. Il est temps de sortir des clivages politiques, nous devons rassembler notre peuple dans toute son unité.

Ainsi nous ne pouvons réduire notre peuple a une date historique, ou politique, que cette date soit la fête de l’autonomie, c'est-à-dire la date ou les nantis célèbrent le non paiement de l’impôt sur le revenus, ou que ce soit une date sanglante et douloureuse, ou nos jeunes alcooliques répètent l’oublie du traité d’annexion.