jeudi, août 31, 2006

L'evenement de Matarii, un jour Férié......

Ia ora na
Voici la partie destinée a la proposition de celebrer l'evenement de Matarii a travers un jour férié qui serait le 20 novembre..... J'apprecierai vos commentaires et critiques, qui ne peuvent que enrichir le débat...

Ia ora na

Nous enfants réceptacle de l’héritage de nos ancêtres autrefois peuple libre, proposons de commémorer à travers un jour férié, le 20 Novembre, l’événement de Matarii, Te hui Tarava, Tarava no Matarii….La montée dans le ciel des pléiades, l’arrivée de la période d’abondance…
Ce jour Férié que nous proposons est comparable au jour de l’an dans notre culture maohi, Matarii, matahiti, le début du tau arii, le commencement de l’année…

Les étoiles ont été pour notre peuple la plus belle richesse. En effet se sont les étoiles qui ont guidé notre peuple d’îles en iles et qui ont permis à nos ancêtres de traverser des océans immenses, à une époque où l’homme occidental naviguotait le long des côtes, de peur de tomber dans le vide, dixit Chantal Spitz, dans son œuvre « pensées insolentes et inutiles » qui recueille son discours prononcé a l’occasion du centenaire de Gauguin.
Les étoiles étaient également considérées comme des parents, des metua pour notre peuple, en effet pratiquement toutes les généalogies, lorsqu’on remonte suffisamment loin se rattachent à une étoile voir une constellation, comme si notre peuple était descendant des étoiles.
De ce fait les étoiles étaient aussi considérées comme des dieux qui veillaient sur notre peuple.
Nous ne pouvons ignorer la belle légende de Pipirima relatant l’histoire de deux enfants délaissés en amour, et recueillis par les dieux. Ils ont été amenés dans le ciel par un cerf volant et aujourd’hui devenus des étoiles ils rappellent aux parents qu’il faut prendre soin de ses enfants, les aimer et bien les nourrir, sinon les dieux viendront les amener au ciel dans le royaume des étoiles. La pierre sur lequel nos deux enfants ont pris leur envol, se trouve a Maeva a Huahine
Aujourd’hui les étoiles sont toujours là, scintillantes dans le ciel le soir….
Notre peuple ne sait plus s’en servir pour voyager, ne lit plus les cartes du ciel…Trop peu d’entre nous savent de quelle constellation nous sommes les descendants…
Nos généalogies ne se tissent plus parmi nos jeunes et plus âgés.
Pourtant, les étoiles se trouvaient toujours à la proue de nos pirogues voyageuses……Sur les pierres, les étoffes de Tapa, graver dans la peau a travers le tatouage, les étoiles étaient toujours représenter a travers des points, on les retrouve d’ailleurs sur les pétroglyphes des tortues notamment…
Aujourd’hui elles sont sur nos drapeaux, que l’on soit du Tavini huiraatiraa, du fetia api ou sherifff… Elles sont également sur les drapeaux de nos archipels, notamment celui des Gambier.

Dans le pacifique nombreux sont les peuples, samoan, tongien, Cook, Vanuatu, qui ont choisi de mettre des étoiles sur leurs drapeaux, le plus souvent il s’agit de la croix du sud…..
Les étoiles, symbole fétiche sont aussi représentées sur de nombreux drapeaux de part le monde.
Car pour pratiquement tous les peuples du monde
Les étoiles ont toujours symbolisé la spiritualité garantissant la protection et la destinée d’un peuple.
Malheureusement pas une étoile ne figure sur le drapeau Polynésien, et on comprend pourquoi cette pirogue symbolisant notre peuple a manqué de destiné….
Pourtant Tahiti dans sa traduction ancienne veut dire l’étoile qui apparait, naissante, Ta voulait dire Etoile autrefois….Ainsi Tahiti était la star, la grande Etoile…. Cette information m’a été transmise par Taha Natua
Bien que l’étoile soit rattaché plutôt aux forces féminines, ce sont les hommes qui les ont portés, tel que Ché Guevara…



Aujourd’hui partout dans le monde la diversité culturelle est louée et apprécié, cette diversité est une véritable richesse pour les voyageurs en quête d’authenticité.
Il est donc temps, que notre identité culturelle s’exprime dans le calendrier scolaire, le calendrier de nos travailleurs grâce à la reconnaissance par un jour férié ! De la constellation de Matarii, les pléiades, nos étoiles magiques.

Ce calendrier est rythmé uniquement par des fériés venus d’ailleurs, fête religieuse, fête de fin de guerre, alors que notre identité culturelle n’a jamais trouvé sa place, pas une seule date, absente, toujours inexistante, révélateur de la présence coloniale jusqu'à nos jours.
Toujours gloire et reconnaissance aux autres, et mutisme de notre peuple.
Ou se trouve l’égalité de traitement, valeurs républicaines, ou est la liberté celle qui respecte la liberté d’autrui ou est la fraternité, celle qui noue le lien avec la chaleur humaine ?
Ne pouvons-nous pas essayer aujourd’hui de rétablir l’égalité réelle, de dédiscriminer et d’apprécier que la différence est une richesse qui peut rassembler.
Il est important que notre peuple se reconnaissent au travers un élément fondamental de sa culture de son identité, un pilier de ses traditions, afin que notre peuple respire et s’exprime dans toute sa vivacité.
Il s’agit pour nous de célébrer un événement et non une date lorsque nous proposons de commémorer Matarii.
De ce fait il est important que nous comprenions l’importance de Matarii.
Il faut avant tout savoir, que l’année Maohi, Tau arii, qui marque le temps qui se déroule d’un Matahiti, Matarii à l’autre, est divisée en deux saisons. Le tau oe, qui commence quand la constellation de matarii , ou hui tarava, vont se coucher, aux alentours du 20 mai, cette saison est annoncé par les étoiles composant l’hameçon de Maui. Le tau oe, temps de la disette, de mai à octobre, moins pluvieux et plus frais, porte de grandes sécheresses, les fruits sont rares, et les poissons sont moins abondants. Cette période est consacrée à la recherche des connaissances, la spiritualité et la transmission, l’hameçon de Maui en est l’emblème…. L’hameçon c’est le symbole de la survie de notre peuple, qui a pu traverser d’immenses océans en se nourrissant grâce à la pèche, l’hameçon symbolise celui qui a accepté sa destiné, qui se met entre les mains du divin, s’est un chercheur de connaissances….(Mareva de Montluc)
La deuxième saison est le Tau auhune, temps de l’abondance, de novembre à avril, pluvieux, chaud, offre les tubercules et les fruits arrivées à maturité et les eaux poissonneux.
Le temps des tahitiens est marqué par « Ra » le soleil et la constellation des pléiades mais aussi par le cycle lunaire.
Lorsque le soleil va disparaitre à l’horizon et qu’apparait Matarii, c’est le premier jour du tau arii marquant le Matahiti. Lorsque le soleil se couchera à l’horizon, et qu’apparaitra l’hameçon de Maui, c’est le début du tau oe….
La durée de l’année tahitienne, tau arii, basée sur le mouvement des étoiles est de 365 jours. Toutefois le tau arii comportait 13 lunaisons, ou marama de 30 jours chacune, ce qui fait que l’année comportait 390 jours. Toutefois ce n’était pas la lune qui donnait le point de départ aux festivités du Matahiti, mais bien la position de Matarii a l’horizon à l’est lorsque le soleil se couche. Ainsi les Tahitiens faisaient alterner astucieusement des années de 13 marama avec des années de 12 marama, lesquelles ne comportaient que 360 jours.
Ainsi le Matahiti se situait dans le marama de Te’eri (lunaison de l’infloraison du Uru), le tau arii suivant dans le marama de Teta’i, période de légumes et de fruits sauvages, enfin la 3eme lunaison qui est consacré aux festivités de Matarii est celui de varehu période de récolte

Durant ces trois marama, vont se dérouler les festivités du parara’a Matahiti, c’est la plus grande fête des tahitiens.

Pour notre peuple sur le plan des divinités, l’apparition de Matarii, marquait l’arrivée de Lono pour les hawaïens, dieu de l’agriculture de la fertilité, de rono pour les maoris qui est la traduction de Lono, On retrouve aussi rono en tant que dieu de l’agriculture à Babylone…
A Tahiti et les iles sous le vent, c’est notamment Oro, dieu des plumes rouges et du cochon qui régnait avec le dieu Roomatane, le dieu du paradis des arioi. Aux Gambier c’est l’arrivée du dieu Tu
Les offrandes aux étoiles consisteront selon les iles des premiers fruits, premiers poissons, premiers cochons, premiers tortues, premiers Urus, premiers patates douces de la période.
Le rituel démarrait par l’apparition de Matarii , a ce moment précis s’instaure un tapu, il est interdit de faire des feu, de travailler, dans certains cas les villages se déplacent vers le bord de mer pour attendre l’arrivé de la première nouvelle lune avant de démarrer les festivités du Matarii, c’est le fleurissement de certains arbustes c’est l’apparition des premiers fruits notamment le uru pour les marquisiens, pour d’autres iles Le tapu peut s’étendre durant toute la période de murissement des fruits, jusqu’a la cérémonie de la récolte, alors cette période de matarii sera consacré a la pèche.
Aux Tuamotu, Matarii annonce l’arrivée des tortues, qui vont venir pondre sur les plages. La tortue animale sacrée, emblème de notre royauté, est aussi l’emblème de notre culture. Matarii est rattaché a la tortue femelle celle qui viendra se perpétuer sur les plages. Quoique aux Gambier a Rikitea, Matarii bien que rattaché a la pèche au tortue, c’est le premier tortue male péché qui marque l’ouverture de Matarii.
L’ouverture de Matarii sera annoncé par un appel soufflé au travers d’une conque, gros coquillage, les tambours géantes viendront se rajouter a l’appel, c’est l’appel aux offrandes des premiers fruits. Selon Charles Manutahi, auteur du livre "le mystère de l’univers Maohi", l’offrande des premiers fruits, consistait à recueillir les premiers fruits de l’arbre, le Uru, entre autres et de les mettre dans un panier tressé en niau, et de les mettre au pied de l’arbre, en guise de remerciement a l’arbre.

Pour les Tahitiens et ceux des iles sous le vent Matarii est aussi lié au monde des esprits avec l’arrivé du dieu Roomatane.
Matarii, les pléiades, la boite a bijoux, scientifiquement un groupement de plus de 500 étoiles sur un champ de 2 degrés, pourrait bien symboliser la période pendant laquelle la porte de l’au-delà, du paradis, le monde des esprits, et des dieux est ouverte, facilitant le travail spirituel des hommes.
Durant la période de Matarii notre peuple accueillait les esprits des membres de leurs familles, de leurs proches décédés afin que ces derniers viennent participer aux festivités et participer a leur joie. D’ailleurs chez les occidentaux il y a la fête des tous saints, d’halloween qui se déroule durant cette période. A Huahine particulièrement il est raconté qu’a cette occasion on sortait les plus beaux tapas pour accueillir les esprits des défunts. Cette période est consacré a l’expression culturelle car Roomatane est le dieu des arioi, les troubadours de notre culture, c’est l’occasion de danser et de transmettre notre culture au travers des Ute, des oreros, des taravas, c’est la période de la beauté et des amours ….
Parmi les jeux sacrées pratiquées pendant cette periode, les habitants de Huahine jouaient avec des cerfs volant en forme de fai ou de honu, des u’o qui feront le lien entre les hommes et le ciel

Sur le plan des origines de Matarii
Selon une histoire d’André Ropiteau recueilli par Bruno Saura dans les cahiers du patrimoine, Huahine aux temps anciens, Matarii serait rattachée à Hotu Hiva, une femme de sang royal et initiée aux puissants pouvoirs magiques ancestraux. Hotu Hiva fille de Tutapu descendante de Hono ura elle est originaire de Maupiti du grand marae Puaitetirioura, pour d’autres de Raiatea, et arrive dans un Pahu (tambour) géant nommé te Taimoana sur la plage du motu Maeva a Huahine a l’emplacement du marae Manunu .Hotu Hiva apporte la descendance royale sur l’ile de Huahine et les Etoiles composant Matarii, symboliseront dans le ciel ses Huit enfants. Car l’histoire raconte que le roi Teaonuimaruia qui vivait avec sa femme hotu aitu va découvrir Hotu Hiva dormant a l’ombre du puatea après son long voyage il la prendra pour femme. Hotu aitu enceinte s’enfuira. Mais son Fils l’ainée de Teaonuimaruia, Atupii, reviendra réclamé son droit d’ainesse, c’est alors que les 8 enfants de hotu Hiva s’envoleront au ciel pour former Matarii. On retrouve un élément mythique classique, qui voit les enfants abandonnés se transformer en étoiles, tout comme pipirima. On notera que les étoiles qui avoisine Matarii sont Mere qui veut dire tendresse des parents et qui est la ceinture d’Orion, et te uru meremere, qui veut dire la foret de tendresses de parents, et qui est le reste d’Orion.
Ainsi, l’origine de Matarii est rattachée intimement à l’ile de Huahine.
Aussi on peut croire, que de grands rituels célébrant Matarii se déroulaient sur la colline de Matairea, a l’intérieure de l’enceinte royale du village de Maeva. Car sur le plan archéologique, on constate la présence de nombreux marae, révélateur d’un lieu de rassemblement de chefs, ce qui présume que ce village est un lieu de paix ou les chefs se retrouvaient pour s’adonner a la spiritualité, et a des festivités vu l’importance des restes de nourritures, os de cochons, et coquillages. Car Matarii c’est aussi une période de paix, toutes les hostilités étaient arrêtés pour se consacrer a cette célébration.

Néanmoins, la célébration de matarii nous vient des nuits des temps ainsi on peut supposer que des rites spécifiques relatifs à matarii avaient lieu aux temps très anciens sur l’ile de Bora-Bora selon les vestiges archéologiques.


Pour clore sur le plan de l’agriculture, il faut savoir que durant le tau auhune il y’aura une autre cérémonie importante celui de la récolte qui se déroule en décembre

Pour cette cérémonie, les livres des occidentaux témoignent comment, les grandes pirogues voyageuses arriveront de tout part chargée de fruits, de poissons, de cochons, de poulets, de urus, et tout ce qu’il y a de bon a manger. Chacun sera habillé des plus belles étoffes de tapa, de plumes, les offrandes qui se dérouleront sur les maraes sont abondantes des pirogues entières sont offertes aux dieux pour garantir l’abondance de la récolte. Les dieux, les rois, les grands prêtres, les esprits reçoivent une part des offrandes mais le reste de la nourriture en abondance est offert en partage à la population.

La période consacrée à la célébration de l’abondance c’est aussi et avant tout la pratique de notre plus bel valeur, celui du partage, tout notre peuple se retrouve après le rituel du marae pour partager un grand repas, ainsi des jours durant jusqu'à épuisement des offrandes, notre peuple s’adonnera a ces festivités commérant l’abondance la fertilité et le partage entre hommes et esprits des bienfaits de la terre.


Sur le plan de la navigation Matarii était et reste une destinée.
Car notre peuple était des grands navigateurs qui savait utiliser les étoiles, ainsi les étoiles de références, étaient canopus, la ceinture d’Orion, meremere, taurua, la queue du scorpion Sirius et Matarii.
La constellation de Matarii était un guide important pour ceux qui cherchaient à rejoindre une terre…

selon le cap et la position de Matarii nia part rapport a sa pirogue
Le navigateur maohi pouvait se diriger vers Hawaii, l’Amérique du nord, l Alaska ou la chine, les maori s’en servaient pour rejoindre Tahiti….
Prendre le cap de Matarii raro pouvait conduire à la destination de la Nouvelle Zélande Te Ao tea roa, Il faut aussi savoir que Matarii était le cap que l’on utilisait pour aller de Tahiti vers Huahine

Mais parfois les étoiles ne suffisaient pas, et le maohi faisait preuve d’imagination, ainsi on peut supposer que des tortues ont surement été embarquées sur les pirogues ont été intimement lié a la navigation, relâché en pleine mer les tortues donnaient la direction de la terre (selon Jacky Bryant). Les pauma, u’o en forme, Honus volants, étaient aussi utilisé comme voile pour ramener les pécheurs vers leurs iles ….On peut alors comprendre les pétroglyphes, de la tortue et d’une étoile sur sa carapace….


Sur le plan universel, il est intéressant de savoir que notre peuple Maohi, qui se composent également des samoan, des tongiens, des maori de nouvelle Zélande, des hawaïen, des rarotongiens des iles Cook, des Rotuma des iles Fidji , fait partie des peuples anciennes qui commémore l’apparition de la constellation des pléiades tout comme les peuples en inde, au siam, en sumerie, en Bretagne, en Arabie, chez les mandaites de Mésopotamie, chez les indiens d’Amérique hopis, iroquois, chez les incas, les samis, les lapons. La bible y fait référence au moins trois fois. Certains peuples y tirent leurs origines, ainsi les sioux disent qu’ils sont descendants des pléiades, groupement d’étoiles peuplés par des êtres de lumière. Selon la prophétie indienne la naissance de bison femelle blanc annoncerait le retour des êtres lumineux des étoiles, ainsi depuis quelques années plusieurs fermes indiennes ont vu la naissance de bison femelle blanche…..La célébration des pléiades, se retrouve en Egypte, en Grèce, ou les pléiades sont les enfants de l’union de Pleione et d’Atlas enfants qui se sont transformés en colombes avant de rejoindre le ciel représentant les 7 muses, l’art de la danse, de la musique, de la beauté, de la poésie du orero ….Situées dans la constellation du Taureau, emblème de fertilité et de richesse. Ainsi Matarii est lié à la notion de prospérité

Il est donc important de comprendre que commémorer Matarii ne se réduit pas a la célébration d’une date, mais la renaissance d’un événement propre a notre peuple qui a toute sa place sur le plan de la réappropriation de notre identité, mais surtout sur le plan de la protection de notre environnement . Car cet événement nous apprend à redonner un sens aux éléments de la nature. Nous apprend à observer la nature et à composer notre vie en fonction des rythmes de la nature.

Reconnaitre la date du 20 novembre en tant que jour férié contribuera à nous réconcilier avec nous même, a nous rassembler autour d’un événement qui n’exclut personne… d’abord parce que c’est apolitique, et que c’est fondamental a notre culture, notre spiritualité, notre histoire de peuple navigateurs l’identité même de nos origines. Et surtout, la commémoration des pléiades est un rituel ancien qui nous rattache a l’universalité des peuples de part le monde, car aujourd’hui nous devons apprendre a partagé notre destin, ainsi chacun pourra se retrouver dans la célébration des pléiades ….Qu’on soit chinois, français, américains, les pléiades sont universels
… une date qui contribuera surtout a donné une destiné a notre pirogue


Pour ces deux discours , je me suis reférer aux personnes suivantes, bien sur, j'ai parfois pris des libertés, inspiré par mes intuitions personnelles, mais je tiens a remercier, Chantal Spitz, Martine Rattinassamy, Dany Carlson, Bruno Saura, Mareva de Montluc, Alex Duprel, Taha Natua, l’association Haururu, ma mère Dorothy Levy, pour leurs aides précieuses, leurs corrections et suggestions qui m’ont aidé dans la rédaction de ce texte….

Mes lectures, mise à part ceux déjà cités :
- Ancient Tahitian society de Oliver Douglas
- Tuamotuan religious structures and ceremonies de Kenneth Emory, bulletin 191 du Bishop museum
- The native Culture in the Marquesas de Craighill Handy, bulletin 9 du Bishop museum
- Les dépouilles des dieux, essai sur la religion Tahitienne a l’époque de la découverte, d’Alain Babadzan
- Ethnology of Mangareva de Te rangi Hiroa(Peter h. Buck) bulletin157 du bishop museum
- Et de façon incontournables, les Mémoires de Marau Taaroa, et Tahiti aux temps anciens de Teuira Henri….

La reprise de ce texte est autorisé, toutefois il est important de toujours citer les sources, les divers auteurs pour permettre aux lecteurs de s’y référer afin que la transmission reste un enrichissement ….Vos suggestions de lectures sont les bienvenues....
Merci

Sabrina Birk Levy

2 commentaires:

sabrina Levy Birk a dit…

Voici le texte de Haururu

Haururu





TE MATAHITI ÂPI MÄ’OHI
LE NOUVEL AN MÄ’OHI




Te matahiti, ua hiti ö Matari’i



1. Le calendrier moderne

Le calendrier occidental que nous connaissons aujourd’hui, est le fruit d’une mise au point qui a été réalisée après des siècles et des siècles de tâtonnements et d’acrobaties arithmétiques.
C’est une sorte de compromis entre deux types de calendrier. Le premier, le plus ancien, entièrement basé sur le cycle de la lune, a servi à forger les mois. Le second, né avec l’agriculture, est sous le contrôle du soleil et il est à l’origine de l’année. Les peuples, mésopotamiens, égyptiens, grecs et romains, à l’origine de ce calendrier se sont entêtés à vouloir diviser le temps en se servant de ces deux cycles à la fois. A certaines époques, le monde devenait parfois absurde : le retour du printemps était fêté en plein hiver, des mois entiers disparaissaient mystérieusement, les années s’allongeaient ou raccourcissaient au gré des uns et des autres.
Il a fallu une réforme et toute l’autorité d’un empereur et d’un pape, Jules César et Grégoire XIII, pour que le temps prenne enfin un sens. Ce fut notre calendrier moderne.



2. Le calendrier mä’ohi : l’origine

Les recherches archéologiques ont montré que les premières îles polynésiennes a avoir été peuplées pourraient être les îles Tonga ou Samoa, il y a 3.500 ans. Ces premiers Polynésiens ont sans doute débarqué dans ces îles avec un calendrier dont l’origine pourrait être situé du côté du sud-est asiatique, le pays d’où leurs ancêtres austronésiens sont originaires et qu’ils ont quitté il y a 5.000 ans. Le calendrier mä’ohi semble donc remonter à la nuit des temps.
La dispersion des Polynésiens, survenue quelques siècles plus tard et qui les amenés vers la partie orientale du Pacifique n’a pas altéré le fond commun de ce calendrier. De l’ensemble des Tonga-Samoa en Polynésie occidentale, en passant par les îles de l a Société, Hawai’i, Marquises, Cook, Nouvelle-Zélande, les calendriers restent analogues. Si comme l’indique la plupart des chercheurs, la dispersion depuis la Polynésie occidentale date de 2.000 ans, le calendrier tahitien possède au moins cet âge là.


3. Le Mä’ohi et le temps

Rien qu’en observant la nature, les anciens Polynésiens ont facilement su fractionner la journée (pö) en paquets de périodes, aisément repérables. De même, ils divisaient en lunaison (marama) en la découpant par autant de jours que compte un cycle complet entre deux apparitions de la lune, comme faisaient la plupart des peuples. Ils partageaient également l’année (tau ari’i) en saisons (tau o’e et tau ‘auhune) et en lunaisons.
Toutefois, apprécier le temps qui s’écoule au-delà de l’année devenait pour nos ancêtres un petit casse-tête. Ils ne pouvaient en effet, compter ni sur les cycles de la nature ni sur celui des astres, répétitifs par période d’un an.
A l’instar des écoliers qui apprennent à calculer à l’aide de bâtonnets, nos ancêtres se sont peut-être plu à tracer, par exemple, sur des supports en bois ou en pierre, le nombre d’années écoulé depuis la naissance de leurs ari’i ou de leurs propres progénitures. En admettant qu’ils se soient servis de ces heureux événements comme référence fixe pour comptabiliser les années écoulées, ils auraient en même temps pris le risque de multiplier les références en fonction des nouvelles naissances. Il y aurait eu multiplicités de calendriers, chaque clan, chaque famille ou chaque district aurait eu le sien et peut-être même plusieurs, en fonction du nombre de naissances dans chaque groupe. Cela aurait été inextricable.
Les Tahitiens vont donc imaginer une astuce pour mémoriser le déroulement des ans.
Comme l’a remarqué T. Henry dans Tahiti aux temps anciens, ils « divisaient les périodes d’années en générations appelées u’i. Les noms de leurs rois et de leurs reines, marquaient vaguement la succession de ces u’i. » Par rapport à un individu déterminé, on pouvait par exemple dire que son metua tupuna (grand-père) s’est éteint il y a deux u’i. Compte tenu du fait que les Polynésiens engendrent entre l’âge de 15 ans et de 25 ans, on peut en déduire qu’en u’i équivaut en moyenne à une vingtaine d’années. Deux u’i peuvent approximativement valoir deux fois vingt ans, c’est-à-dire quarante ans. Si l’on a soi-même vingt ans, le metua tupuna serait passé de vie à trépas il y a quarante ans ou plus.
Par cette approche, il est possible de déterminer le nombre de u’i, c’est-à-dire le paquet de vingt ans, qui sépare un individu d’un ancêtre situé sur sa lignée. Comme celle-ci était mémorisée et préservée comme un trésor à l’intérieur de chaque groupe, les anciens Tahitiens pouvaient situer dans le temps un événement, en le rapprochant d’un ancêtre situé sur la lignée e vivant à l’époque des faits. On pouvait, par exemple dire que telle affaire s’est déroulé à l’époque de tel ou tel ancêtre (i te tau o ...). La position de cet ancêtre sur l’arbre généalogique indiquait le nombre de u’i, et par déduction, le nombre approximatif d’années (tau) –à vingt ans près- qui nous sépare de l’événement.
Et, pour ne pas multiplier à l’infini les « calendriers », tous les clans et toutes les familles faisaient remonter leur lignée à un ancêtre mythique. En général, un dieu prépondérant. Ainsi, malgré le fait que le panthéon polynésien comportait une infinité de divinités, seule une poignée d’entre eux figure à l’origine dans les généalogies. Deux en particulier y figure souvent, Ta’aroa et Tü. Ils devenaient la référence fixe, en première position, de la lignée. L’an zéro du « calendrier » tahitien. Comme c’est le cas avec l’année de la naissance de Jésus-Christ dans le calendrier moderne. Chaque Tahitien aujourd’hui, peut, selon cette structuration, déterminer le nombre de u’i qui le sépare d’un ancêtre quelconque et estimer l’époque où il a vécu.
L’importance des généalogies était telle qu’il y avait une variété de termes pour le désigner : ‘aufaufeti’i – ihotata’u – firifiri’aufau – meremere hua’a – papahua’a – ta’i – ta’u – naumai – papatupuna.
Elles étaient déclinées selon un code bien établi. Pour en faciliter la mémorisation, certaines comportant plus d’une cinquantaine de u’i, les Tahitiens se servaient de chants appelés mere ou meremere. Plus le nombre de u’i est remarquable, plus la lignée est illustre et son marae prestigieux. Dans la philosophie mä’ohi, tout est affaire de généalogies : les dieux, les astres, les vents, les hommes, etc.


4. La journée – Te pö

Autrefois, une journée de 24 heures était dénommée pö (il signifiait aussi nuit). Au début du XIX° siècle, par le fait du pi’i qui frappa la première syllabe du nom de Pomare, grand chef de Pare, il fut remplacé par ru’i. Aujourd’hui, on utilise mahana, qui signifie « chaleur » pour désigner aussi bien le soleil, le jour que la journée de 24 heures.
La journée (pö) était à son tour divisée en période de 15 à 30 minutes environ. Chaque groupe de minutes reflétait un événement observable dans la nature (la marée, le chant du coq, le vol des mouches et des oiseaux, la position du soleil, les nuages, la chaleur, la lueur, etc.).


5. La lune – Te mahina

Autrefois, l’astre lunaire était appelé mahina, en l’honneur de la fameuse déesse Hina, qui selon la légende, s’y était établie après l’avoir visitée. A l’arrivée des Européens, marama, qui désignait la lunaison, a remplacé mahina (sans doute encore à cause d’un pi’i). Puis plus récemment, tous deux furent supplantés par ‘äva’e, lorsque marama fut frappé à son tour par un pi’i, suite à la réussite politique de la famille de ari’i portant ce nom à Moorea.
Très tôt, l’homme a appris à connaître les différents apparences de la lune. Tantôt, elle est ronde, tantôt elle a la forme d’un croissant, tantôt elle ne dévoile que la moitié de son anatomie, tantôt elle a la forme d’un croissant tourné dans l’autre sens, puis elle finit par disparaître. Elle réapparaît ensuite pour reprendre ses diverses formes en un cycle régulier et fini.
Ce cycle astronomique a très tôt fait l’affaire des hommes et des Polynésiens en particulier, pour permettre de s’orienter dans le champ monotone du temps.


6. La lunaison – Te marama

Le cycle lunaire est appelé marama, c’est-à-dire, éclairé, du fait de la luminosité de l’astre pendant la nuit. Il ne faut pas confondre la lunaison avec le mois qui se dit ‘ava’e en tahitien et qui est un découpage de l’année qui ne tient pas compte des lunaisons.
Aujourd’hui ‘ava’e a complètement remplacé dans la langue courante les mots mahina et marama.
Les Polynésiens font démarrer la lunaison à l’apparition de la lune –tireo-. Elle s’achève à la nouvelle lune –mutu-, et un second cycle reprend aussitôt, sans temps mort. Et ainsi de suite, les lunaisons s’enchaînent. Ce cycle servait et sert toujours de repère pour la pêche et l’agriculture.
Le nombre de jours qui s’égrène entre deux nuits de tireo a été regroupé par paquets.
Le mois lunaire oscillant entre 29 jours et 6 heures, et 29 jours et 20 heures, soit 29 jours et demi en moyenne, il a fallu que les Tahitiens solutionnent ce problème. Ce qu’ils ont fait en arrondissant le mois lunaire à 30 jours (30 pö).
Le mois lunaire polynésien comporte donc 30 pö : Tireo – Hirohiti – Hoata – Mua hamiama – Roto hamiama ) Fa’aoti hamiama ) ‘Ore’ore mua – ‘Ore’ore muri – Tamatea – Huna – Rapu – Maharu – ‘Ohua – Maitufeiroa – Hotu – Mara’i – Turu – Mua ra’au – Roto ra’au – Fa’aoti ra’au- ‘Ore’ore ahi – ‘Ore’ore roto – ‘Ore’ore fa’aoti – Ta’aroa tahi – Rua Ta’aroa – Fa’aoti Ta’aroa – Tane – Ro’o – Mauri – Mutu.
Le dernier terme, mutu (ou motu) signifie coupé. C’est-à-dire que le cycle se termine.


7. Le temps des saisons ou le temps royal – Te tau ari’i

Comme dans les pays où l’agriculture était devenu la principale ressource de l’homme, l’écoulement du temps à Tahiti était rythmé par la succession des saisons. L’année tahitienne –tau ari’i- ou tout simplement tau, comportait donc, comme dans toutes les zones tropicales, deux saisons : la saison de disette –te tau o’e-, moins pluvieuse et plus fraîche de mai à octobre, c’est la période des grandes sécheresses, le poisson est moins abondant, les fruits sont moins nombreux et la saison d’abondance – te tau ‘auhune-, pluvieuse et chaude de novembre à avril, les tubercules et les fruits arrivent à maturité, les eaux sont poissonneuses.


8. Le point de départ du tau ari’i : le Matahiti

Les Polynésiens repèrent le début du tau o’e et du tau ‘auhune grâce au soleil –rä- et à la constellation des Pléiades Matari’i.
Cette dernière constellation ou hui tärava en tahitien, se couche d’une manière régulière, chaque année en même temps que le soleil, aux environs du 20 mai. Il marque le temps du tau o’e, la période de disette.
Ce jour-là Matari’i se trouve pile sur l’horizon à l’ouest (raro) au moment où le disque du soleil disparaît. Cette période est également appelée la saison de Matari’i i raro, c’est-à-dire des Pléiades à l’ouest.
Au contraire, aux environs du 20 novembre, au début du tau ‘auhune, la période d’abondance, Matari’i est pile sur l’horizon à l’est ((ni’a) au moment de la disparition du disque du soleil. C’est la période de Matari’i i ni’a, c’est-à-dire des Pléiades à l’est.
C’est ce jour qui est précisément appelé Matahiti.
Mata comme abréviation de Matari’i et hiti, se lever. C’est le jour du lever de Matari’i.
La période qui sécoule entre deux matahiti étant appelée tau ari’i ou tau.
Le Matahiti est donc le premier jour du tau ari’i. Comme cette dernière reste relativement stable au regard du temps qui défile, les Tahitiens se serviront de la date de l’apparition de Matari’i pour marquer le début des festivités liée qu retour de la période d’abondance.
Aujourd’hui Matahiti est venu se substituer à tau pour désigner l’année. Ce dernier désignant ne plus que les saisons.


9. Le calendrier tahitien

Le jour du lever de Matari’i –le Matahiti -, vers la fin du mois de novembre servait donc de référence pour marquer le début de la saison des grandes pluies, de la chaleur estivale, de la floraison et de la maturité des fruits et les populations des districts (va’a mata’eina’a) se laissaient aller, soulagées, à une suite sans fin de réjouissance. Cette fête commence par la récolte des tubercules et des fruits et se termine par la répartition de cette récolte par leur ari’i. Elle s’étale de décembre à janvier. C’est la fête la plus importante du calendrier tahitien : le Parara’a matahiti. Il en était ainsi chaque année.
La durée de l’année tahitienne –tau ari’i- basée sur le mouvement des étoiles était donc de 365 jours (l’année sidérale fait exactement 365,256 jours).
Le tau ari’i comportait 13 lunaisons ou marama de 30 jours chacune. Ce qui fait que l’année comportait 390 jours. Situation fâcheuse, immanquablement l’année suivante, la dernière lunaison se prolongeait au-delà du lever de Matari’i. Heureusement, cela n’avait aucune répercussion pour le Matahiti, car ce n’était pas la lune qui donnait le départ des festivités, mais la position de Matari’i à l’horizon à l’est lorsque le soleil se couche. Cependant, pour rattraper le décalage du aux lunaisons, les Tahitiens faisaient alterner astucieusement des années de 13 marama avec des années de 12 marama, lesquelles ne comportaient que 360 jours.
Nous ne disposons pas d’information quant au rythme de cette alternance. Dans son livre Tahiti aux temps anciens, T. Henry indique tout simplement que « lorsque dans le développement des saisons, il n’y avait que douze phases lunaires complètes, on sautait le mois qui était en trop. »
Voici les treize marama du tau ari’i : Varehu (décembre/janvier) – Fa’ahunui (janvier/février) – Pipiri (février/mars) – Ta’a’oa (mars/avril) – Auunuunu (avril/mai) – ‘Apa’apa (mai/juin) – Paroro mua (juin/juillet) – Paroro muri (juillet/août) – Muri’aha (août/septembre) – Hia’a (septembre/octobre) – Temä (octobre/novembre) – Te’eri (novembre) – Teta’ai (décembre).
Lorsque l’année ne comportait que 12 marama, la lunaison de ‘apa’apa disparaît.




Selon ce calendrier, le Matahiti se situait dans le marama de te’eri. « C’est la lunaison de l’inflorescence du ‘uru. A la lunaison suivante, celle de teta’i, il se développe et tous les légumes et fruits sauvages sont apportés pour la consommation. Ensuite vient la lunaison de varehu, c’est la récolte et la lunaison suivante, l’abondance. »
Durant ces trois marama, les festivités du Parara’a Matahiti ne s’arrêteront pas. C’est la plus grande fête des Tahitiens. Elle débute le jour du Matahiti, le jour du lever de Matari’i.

Anonyme a dit…

que de blabla me dit cet homme là,que de tracas j'ai donner déjà,miss IRI UOUO E TE MATA NINAMU E ERE OE E TAATA TUMU NO TEIE FENUA A FAAEA NA ITE FAAHUA IA OE,A VAIHO NA TE MAU MAOHI TUMU E PARAU NO TO RATOU FENUA.